Portrait du directeur adjoint : Thomas Courbe
Thomas Courbe, le discret mais tenace numéro deux du Trésor
Du bureau 62.35D au bureau 62.01D, au 6e étage du bâtiment Colbert du ministère de l’Economie et
des Finances, Thomas Courbe n’aura eu que quelques pas à faire. Le nouveau directeur général adjoint du Trésor est un intime de la maison : jusqu’alors secrétaire général de cette prestigieuse administration, cet homme discret, qui aura bientôt quarante-deux ans, arpente les couloirs de Bercy depuis treize ans. « Je cherchais un profil polyvalent, quelqu’un de toute confiance, capable d’être à la fois mon « sparring-partner » et mon double au quotidien », explique Bruno Bézard, l’imposant patron du Trésor.
Bien que ce dernier soit très souvent en déplacement à l’étranger, « la logique n’est pas d’avoir un numéro un à l’extérieur et un adjoint qui gère la boutique au quotidien », assure Thomas Courbe. Les deux hommes vantent leur « binôme » et défendent une « logique de subsidiarité pour assurer une présence permanente sur tous les sujets » auprès des ministres de Bercy et des 1.500 agents du Trésor.
Physique des particules
Thomas Courbe est un bon exemple de ce que le Trésor cherche à faire : intégrer des profils issus de tous horizons et les faire monter progressivement dans la hiérarchie. Si l’ex-élève de Sup’Aéro, passionné par la physique des particules, effectue ses premières armes à la Défense, c’est très vite vers Bercy que son coeur penche : « Dans la conduite de contrats d’avions de combat, j’étais bien plus intéressé par les aspects économiques que purement techniques », se souvient l’ancien chargé de programmes à la Direction générale de l’armement (DGA).
Depuis son arrivée au Trésor en 2002, il y multiplie les postes, du service des relations bilatérales au financement de grands contrats export en passant par le Club de Paris, ce groupe de pays créanciers dont il devient secrétaire général en 2007.
Le jeune homme – « discret mais qui sait défendre ses idées », selon l’ex-numéro deux du Trésor Sandrine Duchêne – est alors en première ligne dans les négociations. Avec des moments de satisfaction, quand il arrive à rapprocher les points de vue des créanciers sur le rééchelonnement de la dette de la Jordanie. Et d’autres de solitude, quand il présente à Pékin les actions du Club devant un aréopage de hauts fonctionnaires chinois pour le moins méfiants.
« D’une loyauté totale, c’est un travailleur infatigable, un meneur d’hommes et un habile négociateur », s’enthousiasme le député Les Républicains, Pierre Lellouche, qui en a fait son directeur de cabinet au secrétariat d’Etat au Commerce extérieur, sur les conseils de Xavier Musca. « Le quinquennat allant vers sa fin, il y avait un risque à prendre : il y est allé pour servir l’Etat, bien plus que par calcul personnel » , se souvient Ramon Fernandez, alors numéro un du Trésor.
De ce passage en cabinet, Thomas Courbe retient « une expérience essentielle pour comprendre les attentes et contraintes d’un ministre ainsi que le processus de décision interministérielle ». Une parenthèse dans la vie de ce père de trois enfants vite retourné au Trésor. Son action pour améliorer les conditions de travail (comme les horaires à rallonge) ou défendre les prérogatives de Bercy face à la diplomatie économique de Laurent Fabius, qui s’est soldée cet été par un « traité de paix » avec le Quai d’Orsay, a été appréciée.
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Source : Frédéric Schaeffer, Les Echos