Valls tranche en faveur de Fabius sur le Commerce extérieur
Après vingt-quatre heures de cafouillage, l’entourage du Premier ministre a annoncé que le Commerce extérieur, attribution que se disputaient Laurent Fabius et Arnaud Montebourg, sera désormais rattaché au ministère des Affaires étrangères et non plus à celui de l’Économie. Plus de 2000 agents sont concernés.
L’exécutif a donc tranché. Le portefeuille du Commerce extérieur, attribution que se disputaient
Laurent Fabius et Arnaud Montebourg, sera désormais rattaché au ministère des Affaires étrangères et non plus à celui de l’Économie, a appris l’AFP jeudi 3 avril auprès de l’entourage du Premier ministre. Le ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, et le nouveau titulaire du portefeuille de
l’Économie, Arnaud Montebourg, ont chacun revendiqué depuis la formation du nouveau gouvernement le contrôle sur le département du Commerce extérieur.
À tel point que Bercy a dû reporter sine die la passation de pouvoir avec l’ancienne ministre du Commerce extérieur, Nicole Bricq. “Le Premier ministre a tranché”, a indiqué son entourage jeudi en début de soirée. “Le secrétariat d’État au Commerce extérieur sera désormais rattaché au Quai d’Orsay”, a-t-on ajouté de même source. Le Quai d’Orsay, confirmant l’information quelques heures plus tard, a précisé que le ministère “aura aussi compétence sur le Tourisme”. “Les décrets préciseront les modalités de collaboration entre le ministère des Affaires étrangères et du Développement international et celui de l’Économie, du Redressement productif et du Numérique”, a précisé l’entourage de Manuel Valls.
Plus de 2000 agents concernés
Ce dernier, confronté à son premier couac gouvernemental, conforte son ministre des Affaires étrangères, Laurent Fabius, désireux d’étendre la diplomatie au monde économique en récupérant sous son influence les quelque 700 agents du commerce extérieur. Anciennement répartis entre la direction des relations économiques extérieures (DREE) et celle du Trésor, ils sont aujourd’hui tous rattachés à cette dernière.
Ce réseau purement économique se concentre sur les tâches plus régaliennes. Il étudie et compare l’environnement économique et fiscal des différents pays pour Bercy ou l’Assemblée nationale, suit le carnet stratégique de commandes et les financements des accords bilatéraux ou des institutions comme la Banque mondiale. Il est composé de conseillers économiques (entre 100 et 160 agents de catégorie A +), d’attachés économiques de catégorie A dans les mêmes proportions, mais aussi de contractuels et d’agents de droit local selon leur pays d’attribution (environ 270 personnes). Les catégories B et C y représentent moins d’une centaine de personnes.
Cette entité évolue parallèlement aux 1 400 agents passés sous la tutelle d’Ubifrance, et donc indirectement du Commerce extérieur, pendant le mandat de Nicolas Sarkozy. Ces agents à vocation commerciale offrent aux PME françaises conseils et aides à l’approche de marchés extérieurs.
Casse-tête politico-administratif
Au-delà de l’enjeu de pouvoir pour les ministres Fabius et Montebourg, le rattachement du commerce extérieur au Quai d’Orsay est surtout un véritable défi politico-administratif. Le syndicat majoritaire des agents du commerce extérieur, affilié à Force ouvrière, avait accentué la pression dans la journée en signifiant son refus d’un transfert du portefeuille au Quai d’Orsay. Pour Bernard Boidin, secrétaire général du syndicat, les agents du commerce extérieur “ne sont pas des diplomates”. Et d’ajouter : “Nous sommes des agents économiques, des gens de terrain au service des entreprises. Les agents ne veulent en aucun cas être écartelés entre différentes administrations.” Il est aberrant, insistait-il, “de voir à quel point ce réseau est convoité et nous ne comprenons pas très bien pourquoi”.
“La pression est forte et les inquiétudes grandissantes”, confie à Acteurs publics un autre responsable syndical au lendemain de la position officielle de Manuel Valls. “Les agents sont très attachés à rester à Bercy. Le lien organique entre les services que l’on rend et l’industrie française est fondamental”, explique-t-il. La décision politique prise, il faudra maintenant observer de très près ses répercussions administratives et sociales et la publication des décrets d’attribution, qui lèveront un peu plus le voile sur cette situation inédite pour les fonctionnaires de Bercy.
Source : Acteurs Publics – le 4 avril 2014 -Raphaël Moreaux